Cette date revêt une haute signification politique et historique pour les révolutionnaires. Il s’agit de la journée – née du mouvement socialiste et soviétique – célébrant les ouvrières et travailleuses du monde entier. « La Journée de l’Ouvrière de 1917, disait Alexandra Kollontaï, est devenue mémorable dans l’histoire. Ce jour-là, les femmes russes ont soulevé la torche de la révolution prolétarienne et ont mis le feu au monde. La Révolution de Février a débuté ce jour-là ». Ce sont les femmes laborieuses qui ont mis le feu au monde il y a plus de cent ans. Sans le 8 mars, toute l’histoire du mouvement ouvrier aurait été bien terne.
Les communistes attachent une grande importance à la question féminine. Sous l’ordre capitaliste, les femmes laborieuses purgent une double peine. Elles sont opprimées en tant que travailleuses et par-dessus le marché en tant que femmes ; à l’oppression du capital s’ajoute l’oppression patriarcale ; à l’esclavage salarié s’adjoint l’esclavage domestique.
Les femmes ouvrières et travailleuses, du fait de leur position dans la société, sont assujetties à une exploitation accrue. De manière générale, leur travail salarié se déroule dans des conditions plus précaires et défavorables que leurs homologues masculins. Et à la maison, les tâches ménagères aussi éreintantes qu’abrutissantes leur reviennent « de droit ». Sous le coup d’une charge physique et mentale accablante, elles ne ménagent pas leur labeur ; elles se sacrifient pour leur famille, aux dépens de leur intégrité.
Pour mettre cela en relief, voici quelques propos que nous avons recueillis auprès d’ouvrières d’usines :
En tant qu’ouvrière, le travail est lourd et tu restes une fille parmi beaucoup de mecs… Un morceau de viande quoi.
Je ne m’arrête jamais. Quand je fais 6-2, ma mère se lève à 5h du matin et vient pour lever mes enfants, faire le déjeuner et les conduire à l’école. À 14h je finis donc à 15h je vais les rechercher à l’école. On rentre : goûter puis devoirs. 16h30-17h on part au sport. 19h on est rentrés : souper, bain et au lit vers 20h30-20h45, moi avec. Quand je fais 2-10, je conduis les enfants moi-même et ma mère fait l’après-midi. Parfois mon homme s’en charge quand il est rentré. Quand je fais la nuit, je lève les enfants, les apprête et ma gentille maman les conduit. Je vais dormir vers 8h15 et à 14h30 je dois me lever et aller chercher les enfants à l’école. Puis devoirs, sport, souper, bain et au lit. Ensuite je retourne bosser. C’est vraiment une tournante. Sans oublier les aléas de la vie. C’est une vie très rythmée et il faut être organisé… Wonder women les femmes !
Le capitalisme enferme les femmes derrière mille barreaux d’aliénation et de domination. Elles sont à la fois les proies et les servantes des hommes. De leur premier à leur dernier souffle, le système les fait rentrer dans des schémas sociaux perpétuant leur asservissement.
L’émancipation intégrale et définitive des femmes ne se fera pas du jour au lendemain car, comme le disait Lénine, il s’agit de transformer « des coutumes, des mœurs enracinées depuis des siècles ». Mais pour ouvrir la voie à cette émancipation, il faut balayer l’ordre capitaliste, abolir la propriété privée des moyens de production et poser les bases d’une société sans classes. Seul un système fondé sur une vaste économie collective, faisant disparaître la prépondérance économique des hommes et faisant rayonner la force des femmes au bénéfice de toute la société, permettra de pleinement et définitivement libérer les femmes. Quels éléments nouveaux apparaîtront alors dans les rapports intimes entre hommes et femmes? Ainsi que l’écrivait Engels, « Cela se décidera quand aura grandi une génération nouvelle : génération d’hommes qui, jamais de leur vie, n’auront été à même d’acheter par de l’argent ou par d’autres moyens de puissance sociale l’abandon d’une femme ; génération de femmes qui jamais n’auront été à même de se donner à un homme pour quelque autre motif que l’amour véritable, ou de se refuser à celui qu’elles aiment par crainte des suites économiques de cet abandon. ».
C’est à la classe ouvrière qu’il revient d’ouvrir cet horizon social. Elle seule a la force de porter jusqu’au bout le drapeau de la lutte pour l’affranchissement de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs. Seule la classe ouvrière, la plus progressiste et révolutionnaire, est à même de mener le renversement du capitalisme et la construction d’un nouveau système ; de briser les traditions périmées et réactionnaires, notamment celles écrasant les femmes; de transformer les relations sociales.
Ainsi, le féminisme doit être rattaché à la lutte de la classe ouvrière, à la lutte pour le socialisme. Le tout, pour les communistes, est d’éveiller les ouvrières et autres travailleuses sur la source de leur oppression, sur le chemin à emprunter pour s’affranchir et, ce faisant, de les entraîner vers la lutte de classe.
Aujourd’hui, la crise aggrave la situation de millions de travailleuses qui, déjà bien avant, se trouvaient confinées dans leur prison domestique, accablées par leur labeur quotidien et le poids social sur leurs épaules, blessées par la violence du système. La nécessité de s’unir dans le combat apparaît pressante!