1. Au printemps 2019, l’association de consommateurs belge Test-Achats a fait analyser les urines de 84 enfants belges de 2 à 15 ans. L’objectif ? Voir si l’on y trouverait des traces révélant une exposition récente aux insecticides pyréthrinoïdes et organophosphorés, qui sont deux familles d’insecticides parmi les plus utilisées dans l’agriculture, dans l’horticulture et dans l’industrie. « L’ampleur de leur usage et leur dissémination font que – par ingestion, inhalation ou contact cutané – nous y sommes tous exposés » nous indique Test-Achats. Et effectivement, toutes les urines analysées ont présenté des traces de ces deux familles d’insecticides.
C’est grave docteur ? L’association souligne le fait que les études épidémiologiques (en bref, l’épidémiologie étudie les problèmes de santé dans les populations humaines) lient de plus en plus l’exposition aux pesticides à des troubles neurologiques, cancers, atteintes aux fonctions reproductrices… Des chercheurs soutiennent que certains pesticides peuvent contribuer au développement de maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson et d’Alzheimer. Certains insecticides sont « reconnus ou suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, susceptibles de favoriser l’apparition de problèmes hormonaux entraînant hypofertilité masculine, puberté précoce chez les filles, cancers du sein, de la prostate, du rein ou des testicules ».
Un autre point intéressant est mis en avant par Test-Achats : pour certaines substances susceptibles de perturber les systèmes endocrinien et reproducteur, aucune dose n’est totalement exempte de risque ! Autrement dit, il n’y a pas de seuil au-dessous duquel tout risque de toxicité est exclu.
2. Pourquoi, alors que tout ceci est de plus en plus mis en lumière par les scientifiques, rien ne bouge ?
Nous avons notre avis sur la question. Dans le système capitaliste, les producteurs n’ont de cesse de tout mettre en œuvre pour élargir leur production. Pourquoi ? En premier lieu, pour augmenter leurs profits, profits visant, d’une part, à satisfaire leurs besoins individuels et leurs caprices et, d’autre part, à pouvoir en retour investir pour, encore davantage, élargir leur production et accroître leurs profits. En deuxième lieu, afin d’être en mesure de faire face aux concurrents et, si possible, les écraser. Les pesticides étant des substances permettant aux producteurs d’obtenir des gains de productivité à coût relativement limité, on comprend pourquoi les producteurs en sont si friands. La santé vous dites ? L’environnement ? Comme l’aurait si bien dit Sancho Panza, le fruste compagnon de Don Quichotte, « après moi le déluge » !
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Écrit par Damien Gérida