1. Ce lundi 17 février a eu lieu une manifestation devant le cabinet du ministre des pensions pour dénoncer le renforcement, depuis le 1er juillet 2019, du contrôle de résidence des bénéficiaires de la GRAPA (« garantie de revenus aux personnes âgées » dont les revenus sont trop faibles pour assurer leur subsistance).
2. Pour percevoir la GRAPA, il faut notamment avoir sa résidence principale, effective et permanente en Belgique.
Si un bénéficiaire de la GRAPA veut séjourner plus de 21 jours consécutifs dans un autre endroit que son adresse habituelle, il doit avertir au préalable le Service Pensions. S’il veut partir à l’étranger (quelle que soit la durée du séjour), il doit faire de même à défaut de quoi il écope d’une suspension de l’octroi de la GRAPA.
Depuis le 1er juillet 2019, la procédure de contrôle de la résidence des bénéficiaires de la GRAPA est devenue, selon les mots du SPF Pensions, « plus conviviale »… Concrètement, le contrôle est pour ainsi dire délégué… aux facteurs ! Désormais, une fois par an, le facteur se présente à une date aléatoire au domicile du bénéficiaire qui doit montrer sa carte d’identité en échange de quoi le facteur remet un courrier confirmant la présence du bénéficiaire en Belgique. Si le bénéficiaire, pour une raison ou une autre, ne croise pas le facteur lors de son bref passage (le temps des facteurs est toujours plus compté car ceux-ci sont de plus en plus étranglés, à ce sujet, lire : https://www.ruptureetrenouveau.be/…/t%C3%A9moignage-d-un-an…), celui-ci repasse dans les 21 jours. Si son deuxième passage est infructueux, le facteur repasse une troisième et dernière fois et, faute d’entrer en contact avec le bénéficiaire, dépose un courrier et un certificat de résidence dans la boîte aux lettres. Le bénéficiaire a alors 5 jours ouvrables pour faire remplir le certificat par la commune et le renvoyer au SPF Pensions. À défaut, c’est la suspension de la GRAPA jusqu’à réception du certificat de résidence.
Convivial n’est-ce pas ? Michel Huisman, porte-parole du Gang des Vieux en colère, déclare : « Ceux qui sont les bénéficiaires de cette allocation, ce sont les vieilles et les vieux de plus de 65 ans qui ne sont pas arrivés au minimum minimorum de pension. Il y en a qui seraient arrivés à des 400, des 500 ou des 600 euros de pension, notamment et principalement les femmes parce que parmi elles beaucoup n’ont pas pu trouver une carrière complète, un plein-temps tout le temps. […] C’est une honte, c’est indigne ! […] C’est vraiment une double peine, un bracelet électronique au pied de ceux qui sont dans la dernière partie de leur vie, qui devraient pouvoir chichement — parce que 1115 euros par mois, c’est vivre chichement — vivre d’une manière décente et tranquille, sans être stressés en se disant : ‘Est-ce que le facteur va passer, ne va pas passer ?’ C’est une honte parfaite et nous sommes opposés à tout contrôle des vieux. »
3. Alors que les plus faibles de la société (dont les personnes âgées indigentes) sont de plus en plus étranglés par l’État, les nantis s’adonnent tranquillement, au su et au vu de nos politiciens, à l’évasion et la fraude fiscales, les patrons s’engraissent sur le dos des travailleurs, etc., etc. Soulignons que faire peser le contrôle de résidence des bénéficiaires de la GRAPA sur le dos de simples travailleurs (les facteurs) est mesquin et s’inscrit dans le dessein politique de créer des sources artificielles de divisions et de contradictions au sein du peuple. Un parallèle peut à cet égard être effectué avec la mesure (annulée par la Cour constitutionnelle) qui imposait aux travailleurs sociaux des CPAS et cie de dénoncer les informations ” pouvant constituer des indices sérieux d’une infraction terroriste “.
En conclusion, l’État punit et écrase ceux-là même que le système plonge dans l’indigence.