Depuis jeudi dernier, des ouvriers d’AB InBev sont en grève. Les raisons de la colère ? À la suite de la détection d’un foyer de coronavirus dans l’usine, la direction n’a pas pris les mesures qui s’imposaient et a agi de façon malhonnête. Par contraste, elle n’a pas hésité à envoyer les huissiers et des sms pour faire pression sur les grévistes. Nous sommes allés sur les lieux pour soutenir et échanger avec les grévistes.
Un ouvrier s’exprime : « la direction savait que certaines personnes étaient contaminées mais ne nous a rien dit. Il y avait d’abord trois personnes contaminées puis, une semaine après, dix. » L’un des ouvriers diagnostiqués est actuellement hospitalisé, dans le coma, entre la vie et la mort.
L’ouvrier poursuit : « Moi par exemple j’ai été sérieusement malade au mois de mars. J’ai eu le COVID ici à cause d’une révision technique qu’on a faite et pour laquelle on n’avait pas de masques ni rien. On avait continué à tourner comme d’habitude, sauf pour une ligne de production, et personne n’était venu évaluer les risques des travaux qu’on devait faire. […] Aujourd’hui, à cause des agissements de la direction, on risque d’attraper le virus. […] Il faut aussi savoir que par exemple, au début de la crise, une firme extérieure venait désinfecter les pupitres tactiles qu’on manie ; quelques semaines après, il n’y avait plus rien. Or on est 750 dans l’usine ! […] Si on ne fait pas la grève maintenant, on ne le fera jamais. Si on se laisse faire pour ça, on devra se laisser faire pour un tas d’autres choses ; on perdra en crédibilité. Je suis là pour gagner ma vie, pas pour la donner. […] De manière générale, ils sont en train de nous enlever une quantité d’acquis gagnés dans la lutte. […] Et on influence les ouvriers par plein de moyens comme les contrats précaires ; l’ouvrier sous CDD a peur de pas être repris et d’être remplacé s’il n’est pas là, s’il ne répond pas à l’appel. On est de la chair à canon en fait. »
Un autre gréviste indique « Tantôt, un membre de la direction a dit que la vie continuait… Mais pour un de nos collègues, peut-être pas ! ». Un autre encore : « Quand je viens travailler, c’est pour gagner ma tartine, pas pour prendre le risque de me tuer ou faire prendre des risques aux autres. »
José Borego, délégué syndical, déclare quant à lui dans la presse « Nous n’avons plus de contact avec la direction depuis vendredi. Elle campe sur ses positions, assurant que tout a été fait correctement. Ce n’est pas notre avis vu qu’aucun tracing n’a été réalisé et que des personnes qui auraient logiquement dû être écartées ont continué à venir travailler. Nous demandons donc que cela soit effectué afin de stopper l’hémorragie. Nous réclamons aussi le départ de la directrice des ressources humaines et du conseiller en prévention car la confiance est rompue. »
Une illustration supplémentaire, s’il en fallait, du sort que réservent les patrons et le système aux ouvriers, sacrifiés pour le profit maximum.
Soutenons les grévistes d’AB InBev !