Le 19 octobre 2015, lors d’une grève nationale contre les mesures du gouvernement Michel, des manifestants avaient mené un blocage routier sur l’E40. Dix-sept syndicalistes de la FGTB qui étaient sur les lieux ont écopé de peines de prison avec sursis (un mois pour six dirigeants et quinze jours pour les autres). L’infraction retenue – « entrave méchante à la circulation » – est inscrite à l’article 406 du Code pénal dont la formulation actuelle date d’une loi adoptée à la suite de la grande grève de l’hiver 1960-1961…
On notera que cette condamnation survient quelques mois après celle, en appel, du président de la FGTB anversoise qui avait été poursuivi pour avoir bloqué des routes d’accès vers le port d’Anvers.
Par ces sentences, l’État (dont le pouvoir judiciaire fait partie) signifie on ne peut plus clairement aux travailleurs qu’en menant une action collective entravant la circulation, ils peuvent être condamnés à des peines de prison (sans parler des amendes, des frais de procès…). Grévistes, manifestants ou Gilets jaunes n’ont qu’à bien se tenir !
Du reste, ces décisions ne sont pas des tirs isolés ; elles participent d’une offensive plus large contre les modes d’action et d’organisation élémentaires des travailleurs qu’il s’agit de neutraliser. Que l’on pense à la succession de propositions de loi visant à réduire les possibilités de faire grève ; à la loi de 2017 entravant les grèves des cheminots ; aux recours judiciaires récurrents des patrons pour briser les grèves et piquets (pour rappel, lors de la dernière grève à Ab InBev, le délégué principal avait 11.000 euros d’astreinte sur sa tête et d’autres ouvriers en avaient pour 3.000 euros) ; aux tentatives répétées des organisations politiques et patronales pour affaiblir les protections syndicales telles que celles des délégués du personnel et candidats non élus… La bourgeoisie s’attache en fait à dégager le passage pour poursuivre son assaut contre les conditions et conquêtes des travailleurs.
Tout cela nous rappelle que, sous la démocratie bourgeoise, face aux intérêts des puissants, nous ne sommes en réalité que « libres » de choisir notre bâillon.
Une riposte convergente et vigoureuse s’impose contre ces atteintes aux moyens d’action et d’organisation des travailleurs. Cela résonne particulièrement alors que se déroulent des protestations massives en France contre une loi qui s’inscrit dans le durcissement du pouvoir répressif (https://www.ruptureetrenouveau.be/2020/11/23/protestations-en-france-contre-la-proposition-de-loi-sur-la-securite-globale/). Il est temps de résister collectivement et que les révolutionnaires se rassemblent pour aller de l’avant.