Le 6 janvier devait se tenir la session du Congrès américain confirmant le résultat de l’élection présidentielle. C’était sans compter la mobilisation des partisans de Donald Trump, jurant par tous les dieux de ne jamais concéder sa défaite. À l’appel du président défait, des milliers de personnes se sont rassemblées à Washington pour protester contre l’élection de Joe Biden. La manifestation a débouché sur l’invasion du Capitole par une foule échauffée, dont les images abracadabrantes ont défilé sur tous les médias. L’émeute, qui a duré plusieurs heures, a fait cinq morts et quelques dizaines de blessés.
Quelques remarques sur cet épisode :
Le président sortant, qui aime à se présenter comme un adversaire de « l’establishment », ne remet absolument pas en cause le pouvoir des vampires de la finance, de l’impérialisme ; Trump et sa clique en sont au contraire des défenseurs et des représentants réactionnaires. Sont à cet égard révélateurs la passivité relative et les flottements des forces de l’ordre (leur réaction est comparer avec la répression acharnée qui s’est abattue sur les récentes mobilisations sociales).
Ces péripéties surviennent dans une atmosphère économique, sociale et politique très lourde ; la première puissance impérialiste n’est pas belle à voir. Si elles ne sortent pas du cadre politique posé par la bourgeoisie, elles mettent en lumière les contradictions qui traversent celle-ci.
De manière générale, les Trump et consorts, qui en appellent au « peuple américain », exploitent et détournent les mécontentements de masses égarées (issues de différentes catégories sociales) ; ils excitent les haines à l’encontre de faux ennemis, dissimulant ainsi les privilèges des puissants. Cette politique ne va certainement pas s’arrêter avec la défaite du président sortant ; elle va se poursuivre, avec ou sans lui. De leur côté, les concurrents de tous bords de Trump saisissent aujourd’hui l’occasion pour se poser en héros de la « démocratie ». Ce sont pourtant ceux-là même qui avalisent invasions et putschs aux quatre coins du monde à des fins de pillage en grand. Bernie Sanders, le fameux « démocrate socialiste », y est aussi allé de son « c’est un triste jour pour la démocratie américaine ». Face aux discours hypocrites vendant des vessies pour des lanternes, nos politiciens et médias hochent la tête avec la bouche en cœur.
La défense des exploités américains, la solution à leurs problèmes réels, n’est pas à chercher au sein de telle ou telle fraction de la bourgeoisie ; elle ne peut venir que de l’organisation politique indépendante de la classe ouvrière.