Le 15 février, le gouvernement a bouclé un accord « sur la réforme du marché du travail ». Voyons les gros points de cet accord.
1. La possibilité de travailler à temps plein quatre jours par semaine au lieu de cinq, cela semble alléchant, et c’est ce que prévoit l’accord. Sur les comptes Twitter de certaines figures de proue de la droite belge peut-on lire des hashtags « #FierDetreLibéral ». Les socialistes ne se sont pas moins réjouis. On parle même d’une « révolution ».
Cela signifie-t-il donc alléger sa charge de travail ? Non, bien entendu. En fait, il s’agit de permettre de travailler quatre jours par semaine mais sans réduction du temps de travail. Le retour de la journée des 10 heures ! La durée légale du temps de travail journalier sera augmentée et le travailleur pourra prester plus de 9 heures par jour sans sursalaire, alors que la loi du 16 mars 1971 sur le travail impose le paiement d’un sursalaire au-delà de la 9ème heure. On va donc encore accroître la flexibilité en faveur des patrons.
Cette journée de quatre jours, le travailleur la « négociera » seul à seul avec l’employeur, sur une base « volontaire ». Dans les faits, c’est bien sûr ce dernier qui aura les cartes en main.
2. L’accord établit que le travail de nuit entre 20h et minuit avec sursalaire sera (de nouveau) autorisé dans l’e-commerce, et ce sur la base d’un accord avec une seule organisation syndicale dans l’entreprise. Il est en outre prévu que les entreprises auront la possibilité de mettre en place des projets-pilotes de dix-huit mois, durant lesquels les heures prestées entre 20h et minuit seront considérées comme du travail de jour. Ces projets nécessiteront simplement l’accord individuel des travailleurs (ce qui permettra de contourner les syndicats !).
3. Aussi parle-t-on de l’établissement du « droit à la déconnexion ». Deux problèmes se posent néanmoins. D’abord, il ne concerne pas les entreprises de moins de 20 travailleurs… Et quand bien même, dans les faits, rien ne permettra de réellement garantir le respect de ce droit.
4. À en croire l’accord, on va pouvoir « déterminer facilement si un travailleur de l’économie de plateforme est un salarié ou un indépendant » grâce à de nouveaux critères. Il est clair que ce genre de mesure de pacotille ne permettra pas une vraie amélioration de la situation de ces travailleurs.
En résumé, le gouvernement continue sur sa lancée : plus de flexibilité, plus de pression au travail et plus d’atomisation des salariés dans leurs rapports aux patrons. Le patronat est satisfait et les travailleurs encore lésés !