Cette semaine, un procès s’ouvrait à Liège contre huit policiers pour traitements dégradants (et coups et blessures pour deux d’entre eux) à l’encontre d’un jeune Herstalien de 29 ans atteint de déficience mentale. Ce sont les images filmées par une bodycam qui ont trahi les policiers. Sur ces images (on vous invite à les visionner: https://www.youtube.com/watch?v=atJxiDEqkjg) on peut voir le jeune homme se faire brutaliser lâchement par la bande de policiers. La scène, datant d’avril dernier, se déroule dans le bureau d’un commissariat. D’abord, le jeune refuse de s’asseoir. Un des agents le pousse alors violemment dans un coin de la pièce et l’attrape à la gorge comme un bulldog. Le garçon crache au visage de son agresseur (toujours rendre la politesse !). Le policier perd encore un peu plus son sang froid et frappe le jeune homme au visage. Peu après, un autre molosse dégaine son taser, s’apprêtant à l’utiliser (ce qu’il ne fait finalement pas). Ce n’est qu’au bout de soixante longues secondes que le cou du jeune est libéré. Fin de l’histoire ? Non. Le garçon est plaqué à terre, les mains dans le dos, le nez en sang. Puis place aux insultes grauites et humiliantes. Chacun s’en donne à coeur joie :
– Il doit au moins avoir 45 ans, vu le nombre de cheveux blancs qu’il a.
– Et 45 de QI, aussi.
– Moi personnellement je m’en fous, t’as vu sa gueule, il a été fini à la pisse.
– Je suis même pas sûr qu’il a été fini du tout en fait.
– P*****, quel trou de balle. Jamais vu un animal pareil.
Après dix minutes passées au sol, le jeune homme crache de nouveau à la figure d’un agent. Deux coups résonnent. “Tu fais le malin là ? Hein ?! Tu fais le malin ?” Dans le couloir, de nombreux policiers assistent tranquillement à la scène…
À la suite de cette démonstration de vaillance, nos fiers gardiens de la paix rédigent un procès-verbal où ils font état de coups et de crachats de la part du jeune homme.
Ces images sont instructives: grâce à la bêtise du policier ayant activé sa bodycam, le public a pour une fois accès aux coulisses d’un commissariat.
La police ment, la police humilie, la police brutalise lâchement.
On pourrait s’arrêter ici pour aujourd’hui, mais l’actualité ne nous le permet pas.
En effet, en début d’année, un autre drame se produisait dans un centre de détention de la police bruxelloise : Sourour Abouda, mère de famille de 46 ans, est placée en cellule sous le contrôle de policiers après avoir été, selon la police, appréhendée en état d’ébriété (état d’ébriété dont le rapport administratif des policiers ne fait pourtant pas mention…). Elle y décède cette nuit-là.
La thèse avancée par la police ? Sourour se serait suicidée en s’étranglant à l’aide de son pull. Une version réfutée avec force par sa famille et leur avocate, Sourour n’étant pas dépressive et n’ayant aucun motif vraisemblable de mettre ainsi fin à ses jours: “On a frappé à ma porte. J’ai ouvert. Et trois personnes du bureau d’assistance aux victimes m’ont expliqué que ma fille s’était étranglée avec son pull dans une cellule de commissariat. Je n’en ai pas cru mes oreilles. Sourour avait un fils de 19 ans qui est tout pour elle et qu’elle n’aurait jamais abandonné.“
Détail très troublant : Sourour est la troisième personne d’origine maghrébine décédée dans ce même centre en trois ans, après Ilyes Abbedou et Mohamed Amine Berkane, morts respectivement en janvier et en décembre 2021. C’est à croire qu’un véritable triangle des Bermudes est logé en plein Bruxelles…
Une série noire qui ne semble pas inquiéter la ministre de l’intérieur Annelies Verlinden, qui considère “prématurée” la demande — pourtant raisonnable — introduite par le PTB de soumettre ce centre à un audit. L’État bourgeois couvre comme d’habitude ses chiens de garde.
Soutien aux victimes de violences policières, à leurs parents, à leur famille !
Tous unis face aux abus, aux violences, aux mensonges incessants de la police et de l’État !