J’ai été engagé chez bpost en avril 2020 comme intérimaire. J’ai été affecté au tri des colis (à la chaîne), en tant que chargeur/déchargeur, de 5h à 13h, et de temps en temps, on me demandait de sortir livrer des colis entre 12h et 13h. J’ai fait cette tâche éprouvante cinq jours par semaine pendant trois semaines, puis on m’a proposé un CDD et ensuite un CDI.
On m’a confié le rôle de facteur de réserve, tout en continuant une heure de tri des colis (chargement/déchargement) chaque jour. Je n’ai reçu aucune formation. Malgré cela et malgré les heures supplémentaires non rémunérées, j’ai persévéré, j’ai fait mon travail et géré une tournée différente chaque jour.
La qualité de mon travail a conduit mon team leader à… m’en donner plus. Vu que j’étais efficace, il a continué de m’attribuer la tâche de chargeur/déchargeur et en plus il me donnait les tournées les plus difficiles, connues pour leur lourdeur. Normalement, il y aurait dû y avoir un roulement entre les travailleurs pour ces tâches mais ça n’a jamais été fait.
Il faut comprendre que je décharge entre 30 et 40 containers de colis de +- 400 KG chacun, le poids des colis varie entre 1 à 30 kg, le volume des colis peut aller de la dimension d’une boîte à chaussure à des meubles/télévision/vélos/trottinettes… Cette tâche – le chargement/déchargement – est considérée comme la plus éprouvante de toutes celles du métier de facteur ; c’est répétitif et épuisant. J’ai effectué cette tâche une heure par jour, 5 jours/semaine durant deux ans, en PLUS du reste de mon travail (tournées…).
J’ai maintenu un rythme effréné et une qualité constante malgré l’augmentation du volume de mon travail. On m’a même confié des tâches supplémentaires. J’ai progressivement commencé à ressentir de la fatigue physique et mentale, mais malgré cela, ma qualité de travail est restée constante. Après un premier accident, où j’ai eu un lumbago en déchargeant, le team leader ne m’a pas expliqué les procédures liées à un accident de travail et m’a renvoyé chez moi. J’ai consulté mon médecin deux jours plus tard, qui m’a prescrit quelques jours de repos et des antidouleurs, et m’a demandé de fournir le document d’accident du travail. À mon retour, on m’a informé qu’il était trop tard pour enregistrer l’accident comme tel, car la procédure n’avait pas été suivie. Le team leader aurait dû m’expliquer cela le jour de l’accident…
J’ai repris le travail ; mon team leader m’a remis au poste de déchargeur et aux tournées difficiles. J’ai continué à fournir un travail de qualité et on m’a même demandé de former de nouveaux agents (sans prime car je n’avais pas le statut de formateur).
Depuis, j’ai gardé une faiblesse au dos, avec des lumbagos fréquents, des tendinites aux coudes et aux poignets, causés par les mouvements répétitifs, le volume et le rythme de travail. La majorité de mes périodes de maladie sont dues à l’usure liée au travail de déchargeur, à la fatigue accumulée, et aux tournées difficiles.
À cause de ces absences, j’ai été convoqué à des entretiens sur l’absentéisme. A la plupart de ces entretiens, j’ai dû me représenter seul, on me mettait la pression sur mes absences en m’intimidant et en me demandant de faire un effort sur mes périodes de maladie.
L’usure physique et mentale a continué de s’aggraver ; blessures, maladies, etc. Les médecins m’avaient dit de reprendre le travail doucement mais je suis retombé en maladie en mars/avril 2023 puis le 24/05/2022 j’ai fait un autre accident de travail reconnu cette fois, ce qui est venu gonfler mon lot de périodes de maladie… Cet accident de travail est dû à l’usure causée par tous les mouvements répétitifs (porter, soulever, tirer, pousser, déposer, se baisser, se retourner) effectués dans cette tâche de chargement/déchargement.
Suite à cela, j’ai de nouveau été convoqué à un entretien. On m’a encore mis la pression. Effrayé de perdre mon emploi, j’ai donc fait un gros effort et je n’ai plus été sous certificat pendant trois mois.
Mais je suis malheureusement retombé en incapacité de travail. J’ai alors été une fois de plus convoqué pour absentéisme et j’ai finalement été licencié. Ils ont détruit ma santé et m’ont ensuite jeté comme un vieux chiffon usagé.