En 2021, FedEx, multinationale de la logistique et du transport, décidait de licencier 6.300 travailleurs en Europe dont 671 sur le site liégeois. Des milliers de familles en larmes, et une poignée d’actionnaires sortant le champagne. Mercredi dernier, nouveau coup de massue : FedEx a annoncé son intention de licencier 2.000 travailleurs supplémentaires en Europe, dont 385 en Belgique. C’est apparemment l’aéroport de fret Brucargo à Zaventem, où un millier de salariés travaillent, qui sera concerné.

Un bain de sang social, un de plus !

Comme d’habitude, nous laissons la parole à notre camarade travaillant sur le site liégeois de FedEx (retrouvez sur notre site internet ses excellents articles, signés « L’ouvrier indigné ») :

« Une fois encore, les travailleurs de FedEx-TNT vont être sacrifiés sur l’autel de la rentabilité et du profit ! Encore et toujours, les actionnaires nagent dans les bénéfices (3,83 milliards en 2022, 3,97 milliards en 2023…).

Est-ce que le site liégeois sera impacté par le nouveau bain de sang social ? Voilà une question que les travailleurs de Liège se posent, tout en sentant bien que quelque chose se trame…

Avant d’analyser cette question, je tenais à dire que nous travailleurs liégeois soutenons et sommes solidaires avec les travailleurs de Zaventem. Force à eux dans ces moments difficiles ! Nous espérons que leurs représentants fraîchement élus mettront en œuvre des actes concrets pour s’opposer à cette opération.

Tout en respectant les travailleurs qui pensent comme Saint-Thomas, je ne crois que ce que je vois… Sans vouloir faire l’oiseau de mauvais augure, les personnes qui se rassurent en disant que les derniers événements ne concernent que Zaventem se mettent le doigt dans l’œil. Je pense qu’il y aura une nouvelle restructuration chez FedEx-TNT Liège comme prédit en octobre 2023 sur le site de Rupture & Renouveau (https://www.ruptureetrenouveau.be/…/fedex-vers-une…/). Certains événements m’amènent à le penser.

Le premier événement c’est l’annonce de la politique DRIVE qui durera jusqu’en 2025 afin de faire 4 milliards d’économies permanentes, ainsi que la politique Network 2.0 qui visera à faire 2 milliards de dollars d’économies supplémentaires d’ici 2027. En termes de grandeur, 4 milliards, cela correspond presque au rachat de toutes les activités de TNT par FedEx en 2016 (4,6 milliards d’euros, 55.000 travailleurs).

Le deuxième événement, c’est la politique zéro carbone de FedEx Express qui vise à investir 2 milliards un peu partout dans le monde pour moderniser les infrastructures…sauf à Liège. En tout cas rien dans le matériel roulant et rien dans les outils de production à l’heure actuelle. Cela permettrait pourtant d’avoir moins de pollution, d’être beaucoup plus efficients en matière énergétique et de rassurer les travailleurs sur l’aéroport.

Le troisième événement est le transfert d’une partie des activités de la nuit en journée, essentiellement à cause de l’e-commerce en plein essor. Je m’explique. Les colis du jour correspondent aux colis de l’e-commerce. Or l’e-commerce, c’est des clients particuliers qui ont des besoins moindres que les entreprises. Les entreprises, qui sont les clients de nuit, mettent plus d’argent car elles ont des besoins plus pressants (elles ont besoin de leur marchandise le plus vite possible). Ainsi, les travailleurs transportent désormais des colis de moindre valeur par rapport à avant. Donc le site liégeois est moins rentable pour le même nombre de travailleurs qui doivent quand même supporter la même charge de travail…

Le quatrième événement, c’est le fait que la direction est comme en train d’abandonner l’outil de travail ; plus rien ne tourne rond dans l’entreprise et on sent qu’il n’y pas de volonté de la faire tourner à terme. On peut vraiment tous sentir qu’ils préparent quelque chose. Les syndicats sont entendus mais pas écoutés dans l’entreprise, si bien que les négociations en sont au point mort, et que les syndicats n’ont aucune informations à donner aux travailleurs si ce n’est « on verra bien si ça arrive » ou « tu as rendu ton papier ? ».

En conclusion : énormément d’économies et pas d’investissements à Liège dans un contexte de licenciement collectif sanglant. On ne peut que voir se profiler une nouvelle restructuration du site liégeois. Est-ce que l’histoire se répéterait ?

L’ouvrier indigné »