Cette photo est celle d’un manifestant, âgé, blessé à la tête par des coups de matraque de la police. Cela s’est déroulé lors de la mobilisation de jeudi dernier (9 janvier) à Rouen en France, contre la réforme des retraites. Ce n’est qu’une image parmi une montagne d’autres. C’est l’occasion d’écrire quelques mots sur la nature de l’État, responsable de la répression brutale s’abattant sur ceux qui se lèvent pour exprimer leur indignation.
L’État, contrairement à ce qu’on nous enseigne à l’école et à l’université, ce n’est pas une « institution neutre ». L’État, c’est un appareil, une machine, au service de la classe dominante ayant pour but de sauvegarder le régime économique existant et de réprimer la résistance des autres classes sociales. Dans le capitalisme, l’État vise à assurer la domination des capitalistes (qui forment la classe dominante actuelle) dans la société. Le contrôle des capitalistes sur l’État s’effectue de mille et une manières : par la corruption directe et indirecte, le lobbying, l’influence via les médias de masse, la dette publique, l’entrelacement entre le monde économique et le monde politique, etc., etc.
L’État capitaliste est composé d’une armée, d’une police, de services de renseignements, de prisons, d’un/de gouvernement(s), d’un appareil judiciaire (lui-même composé de juges coupés du peuple et garantissant une justice de classe ; rappelez-vous, par exemple, les transactions pénales de Moreau et consorts !), d’un appareil législatif (soumis à la corruption, au lobbying, à l’influence des médias eux-mêmes détenus par les capitalistes…), d’une bureaucratie coupée du peuple…
D’une part, le système capitaliste, en opprimant, exploitant, broyant les masses laborieuses, est intrinsèquement violent. D’autre part, les capitalistes mettent tout en œuvre pour, au moyen de leur État et de toutes les ficelles qu’ils tiennent (médias, lobbies, etc.), étouffer toute opposition, toute résistance, toute lutte, à leur encontre. Du reste, ils savent que, quand c’est possible, il est préférable de procéder de manière non violente et silencieuse. Ceci étant, au-delà de certaines limites, quand la résistance à laquelle ils font face devient trop gênante et que la voie pacifique ne peut fonctionner de manière suffisamment efficace ou satisfaisante, ils montrent leur laid et vrai visage et usent de toute la violence nécessaire et peuvent même, si besoin, invoquer les forces politiques les plus réactionnaires, les plus brutales (on pense aux forces fascistes) pour y mettre fin.
On l’aura compris, pour renverser et changer le système, il faudra une rupture réelle, une révolution. Oui ok, mais entre-temps, nous dira-t-on ❓ Faut-il agir pour des réformes dans le cadre du capitalisme pour améliorer la situation de la classe ouvrière ? Oui, mais pas n’importe comment. Les maîtres-mots doivent être : lutte des classes. Les réformes favorables aux ouvriers doivent être vues comme des produits accessoires, secondaires, de cette lutte, comme des tentatives des capitalistes et leurs laquais politiques de calmer et d’affaiblir la lutte. Leur importance dépend de l’intensité de la lutte. Ainsi, il ne s’agit pas de se battre pour des réformes à coups de pétitions et de beaux discours ; seule la lutte massive et révolutionnaire des ouvriers organisés peut aboutir à des réformes substantielles. Et il faut bien garder à l’esprit que si les réformes peuvent amener des améliorations partielles, elles ne mèneront jamais ( !) à un changement de système ; on ne peut s’en satisfaire. En conclusion, il faut encourager les luttes pour des réformes si ces luttes peuvent contribuer à mener et faire avancer la classe et les masses sur le chemin révolutionnaire de la lutte des classes dont le but est la suppression du capitalisme.