Vendredi dernier (18 août), Domenico, 31 ans et père de famille, a été tué par la police. Les circonstances entourant le drame sont floues. Apparemment, la victime circulait à bord d’un quad lorsque des policiers lui ont demandé de s’arrêter. Il aurait refusé d’obtempérer et, dans sa fuite, aurait heurté un policier avec son quad. L’impact du choc fait débat et les versions des faits divergent, mais on sait que le policier a été blessé au pied. Il est établi qu’un autre policier a alors tiré à deux reprises, visant Domenico par derrière : une balle l’a atteint à la base du crâne, et une autre s’est logée dans la porte d’une maison (une chance qu’elle n’ait pas fait une deuxième victime…).
Ce meurtre a suscité l’émoi des habitants de Oupeye, à tel point que de violentes émeutes ont fait rage pendant plusieurs nuits. Une grande colère s’est également répandue sur les réseaux sociaux. « Je n’ai jamais vu ça à Oupeye, ce sont de véritables scènes de guérilla urbaine et d’émeutes auxquelles on a assisté. On ne voit ça que dans des grandes villes ou au journal télévisé, et on a vécu ça dans un village de 6.000 habitants » a déclaré le bourgmestre. « Ce sont les policiers qui ont directement été visés, avec la mise en place de pièges pour tenter de piéger les policiers et de s’en prendre aux hommes, l’utilisation de cocktails Molotov, pour venger la mort du jeune homme décédé ce vendredi. ».
Comment ne pas comprendre toute cette indignation et cette rage envers la police ? Mais laissons la parole aux habitants de Oupeye :
– Axel, 17 ans :
À Oupeye, on est calmes, on est gentils, on respecte tout le monde. Mais les policiers ont décidé de tuer un copain à nous qu’ils ont appelé un fou du volant.
– Leila :
On a entendu des détonations hier. Ça a été un grand choc pour beaucoup ici.
– Yannick, 20 ans :
Ça peut arriver à tout le monde de se faire tirer dessus par derrière, comme ils l’ont fait avec notre ami. […] On pense que si ce n’est pas nous qui réagissons, personne ne va réagir. […] Déjà, l’État fait qu’on n’arrive pas à s’en sortir. Chez nous, c’est la galère. On doit répliquer et faire quelque chose. […] Hier, c’est la haine qui a parlé. Moi je vous le dis, ici ça va encore être le dawa, comme pour Nahel en France. C’est la même chose.
– Jeannine, une dame âgée :
Est-ce qu’on ne se croirait pas en Amérique ? On est devenus des petits cow-boys ? On ne tire pas dans le dos d’une personne. Il lui a tiré dans le dos alors qu’il pouvait se défendre autrement, je pense. Oui, il a renversé le policier, mais ce n’est pas pour ça qu’on tue.
De leur côté, nos chers médias ont multiplié les articles salissant Domenico pour justifier l’acte de la police. No comment.
Sincères condoléances à la famille et aux proches. Justice pour toutes les victimes de violences policières !