Ce dimanche, la députée Open VLD Kathleen Verhelst, également CEO d’une entreprise de construction, a déclaré vouloir interdire la grève les jours de la semaine : la grève, dit-elle, « je l’interdirais les jours ouvrables […] Si vous voulez faire grève ou manifester, vous pouvez le faire un samedi. Ou quand vous êtes en congé. » Elle a ajouté « Je reconnais que les syndicats sont à l’origine de beaucoup d’avancées, mais aujourd’hui, ils promeuvent surtout l’immobilisme. Il faut que cela change. » (c’est la soupe froide habituelle : sont conservateurs ceux qui entravent la sacro-sainte compétitivité rimant prétendument avec progrès).
On pourrait croire à un poisson d’avril avant l’heure. Mais ce serait oublier que cette députée ne fait ici qu’exprimer de façon décomplexée la volonté du patronat.
Cela ne date pas d’hier, le patronat et l’État multiplient les attaques contre le droit de grève et les droits syndicaux. Les propositions de lois visant à réduire les possibilités de faire grève se succèdent. On se souvient qu’en 2017, une loi a été adoptée pour entraver les grèves des cheminots et qu’en 2019, une loi instaurant un service minimum dans les prisons a été adoptée (des gardiens faisant grève peuvent être réquisitionnés). On se rappelle également que l’an dernier, lors d’un mouvement de grève des contrôleurs aériens chez Skeyes (ex-Belgocontrol), plusieurs ministres ont appelé à la limitation du droit de grève de ces travailleurs. Par ailleurs, au niveau judiciaire, se servant d’un vide bien commode dans la réglementation belge, les patrons n’hésitent pas à aller trouver les juges pour leur demander de condamner une grève ou une action liée à une grève (piquet, blocage…). On peut également relever les demandes insistantes et répétées des organisations patronales (FEB, Voka…) d’affaiblir les différentes protections syndicales telles que la protection des délégués du personnel et candidats non élus (lire à ce sujet notre article : https://www.ruptureetrenouveau.be/…/les-patrons-demandent-…/). Etc., etc.
Plus largement, c’est l’ensemble des conquis des travailleurs qui sont dans la ligne de mire de la bourgeoisie. Non seulement cette dernière les reprend, les détruit mais, en outre, elle les utilise pour diviser les travailleurs et perpétuer l’esclavage salarié… Les exploités doivent lutter pour leurs conquis et de meilleures conditions, étant entendu que cela doit servir à développer la lutte contre tout esclavage salarié, contre tout le système !
En conclusion, les sorties telles que celle de Mme Verhelst ne sont pas à prendre à la légère ; elles testent et préparent le terrain pour les attaques contre les travailleurs.