Le peuple du Liban continue d’occuper les rues pour réclamer des changements politiques.
Le 4 août dernier, deux explosions ont ravagé les alentours du Port de Beyrouth, tuant des centaines des personnes, blessant des milliers d’autres et laissant des centaines de milliers (!) de sans-abris. Les protestations qui s’ensuivent, si elles dénoncent d’abord la négligence de la classe politique devant le drame, sont aussi le résultat d’anciennes tensions. Le territoire de l’actuel Liban a toujours été un nœud de contradictions communautaires et sociales.
Au niveau social justement, le pays subit une dure récession depuis 2018, avec l’austérité qui va avec. Depuis 2019 déjà, les taxes et impôts injustes ont inspiré une première vague de manifestations, particulièrement de la jeunesse. Elle a abouti à la démission du gouvernement d’alors. Aucun changement de cap n’a eu lieu de la part du gouvernement suivant. Etonnant ? Non. Pour comprendre la complexité de la situation, et l’impossibilité d’un changement doux et rapide , il faut aborder brièvement l’histoire de ce territoire et la puissance de l’impérialisme qu’il subit.
Historiquement sous domination ottomane puis française, la République libanaise a acquis son indépendance en 1943. Néanmoins, l’influence étrangère, surtout française, n’a jamais faibli; les impérialistes jouent encore allègrement sur les tensions communautaires pour avancer leurs pions. A titre d’exemple, la France entretient ses liens avec la communauté maronite (chrétiens d’Orient) à laquelle revient la Présidence de la République selon le Pacte National. La grande corruption des gouvernants et l’exploitation des masses sont les conséquences de ce jeu morbide. Comme souvent, ce sont les masses qui sont perdantes.
Ainsi, il ne faut ni s’étonner, ni se leurrer, en voyant le Président français Emmanuel Macron accourir à Beyrouth pour proposer son “aide”. Ce qu’ils veulent, lui et les impérialistes dans son genre, c’est ouvrir encore plus le Liban aux investissements, c’est traire jusqu’au sang ses ressources. Encore plus aujourd’hui, maintenant qu’un des grands pôles économiques du pays n’existe presque plus, maintenant que la crise menace de s’aggraver, la mise à sac totale du pays est une possibilité et un danger réel.
Mais les Libanais ne sont pas dupes. Malgré la démission du gouvernement, les rues sont toujours occupées. Ce n’est plus Beyrouth, mais tout le Liban qui se soulève. Ils savent désormais qu’un autre gouvernement de pantins ne les sauvera pas, ils savent que seul le peuple sauve le peuple