Ces dernières semaines, diverses mobilisations (notamment celles des lycéens et enseignants) ont éclaté sporadiquement en France. Elles expriment une colère sociale qui couve dans un contexte de crise et de confinement frappant les larges masses. Ce mardi (date d’anniversaire du mouvement des Gilets jaunes) et ce samedi, des milliers de nos voisins français ont bravé le confinement et la répression policière pour protester contre une proposition de loi « relative à la sécurité globale ». Les images de manifestants gazés, matraqués, violentés, ont abondé sur les réseaux sociaux.
L’odieux et liberticide article 24 (adopté) de la proposition législative – tendant à interdire la diffusion d’images des policiers et de leurs violences – a concentré les colères ces derniers jours. Mais la proposition contient une flopée d’autres mesures allant dans le même sens, celui du durcissement du pouvoir répressif. On relèvera notamment l’autorisation de la surveillance par drones, l’élargissement de l’accès aux images des caméras de vidéosurveillance, l’aggravation des sanctions à l’encontre des personnes condamnées pour violence ou menaces à l’encontre de policiers, l’octroi de nouvelles compétences aux organismes privés de sécurité…
Et cette proposition ne se balade pas seule. Lundi dernier, le ministère de l’intérieur a publié son « Livre blanc de la sécurité intérieure » (https://mobile.interieur.gouv.fr/Actualites/L-actu-du-Ministere/Livre-blanc-de-la-securite-interieure) dans lequel l’État français couche son programme répressif et de maintien de l’ordre pour les prochaines années.
Le passage suivant du document, significatif, mérite une lecture attentive :
« La montée des violences constatée dans la société s’exerce également de façon continue contre les représentants de l’État. […] Ce phénomène, dont l’ampleur et l’intensité sont inédits dans notre histoire récente, est une des démonstrations de la défiance développée par une partie des Français à l’égard des forces de sécurité. […] ces violences visent les institutions de la République qui constituent désormais des cibles symboliques de l’État et de la force légitime […]. Au cours des deux dernières années, les opérations de maintien de l’ordre ont cristallisé cette expression de la violence. Toute forme de manifestation peut devenir un cadre d’expression de la violence : rencontres sportives, manifestations revendicatives… Le déclin des corps intermédiaires et l’absence d’interlocuteurs de confiance parmi les manifestants a entravé la capacité de la force publique à trouver les voies de négociation ou de régulation alors que de nouvelles formes de manifestation radicale s’installent dans la durée […]. Cet état de fait conduit le ministère de l’Intérieur à repenser sa stratégie de rétablissement de l’ordre public et à renouveler ses modes de communication pour pallier la disparition des interlocuteurs traditionnels. »
Ainsi, le texte envisage de façon détaillée les moyens d’accroître la propagande en faveur des forces de l’ordre et l’efficacité de leur pouvoir coercitif. Meilleure coordination des différents acteurs étatiques pour le maintien de l’ordre entre ces acteurs, élargissement du recours aux organismes privés de sécurité, modernisation poussée des outils de surveillance et de répression, augmentation budgétaire…, voilà quelques points importants traités dans le document.
Face à l’aggravation aiguë des tensions sociales et des contradictions de classe, face à l’essor spontané de la lutte des masses, l’État français affûte ses armes. Et il ne s’arrêtera pas aux mesures législatives telles que la proposition sur la sécurité globale.
De grands affrontements approchent. Les révolutionnaires doivent également s’armer de pied en cap ; il leur incombe de construire un parti capable de rallier autour de lui et de la classe ouvrière toutes les forces mécontentes du capitalisme.