. C’est neuf personnes qui ont été tuées mercredi 19 février dans deux fusillades commises par un homme d’extrême droite à Hanau en Allemagne. Il faut s’intéresser au contexte dans lequel cet attentat prend place. Ces dernières années, les attentats et démonstrations en tout genre d’extrême droite se sont multipliés en Allemagne, en Europe et dans le monde. Force est de constater que les forces et idées fascistes grandissent et se renforcent en Europe et dans le monde. La Belgique n’est pas épargnée, loin de là. C’est un vaste sujet que nous développerons dans d’autres publications mais évoquons-en déjà ici quelques éléments importants.
2. Les fascistes s’attachent à canaliser et dériver les colères, les amertumes, les déceptions, contre quelques boucs émissaires à des fins réactionnaires. Ils cherchent à dissimuler les privilèges de la classe dominante en excitant la haine contre les allogènes.
Le fascisme en tant que régime politique, c’est la forme la plus réactionnaire de la dictature du capital financier, instaurée par les capitalistes pour écraser et étouffer la classe ouvrière et toute résistance des éléments progressistes de la société. Il est intrinsèquement lié au capitalisme.
3. Parmi les facteurs explicatifs de la montée des forces et idées fascistes, il y a la crise du capitalisme. Celle-ci s’est déployée sur tous les plans. En 2008, le capitalisme a traversé la pire crise économique depuis les années 1930. La concurrence et les contradictions économiques aux niveaux national et mondial, entre pays capitalistes, entre entreprises (nationales et multinationales), etc., vont s’intensifiant. Les conditions d’existence des masses laborieuses se dégradent de manière continue (destruction des acquis sociaux, accroissement de la précarité, hausse du coût de la vie…). La concurrence entre les travailleurs aux niveaux national et transnational s’accroît. Par ailleurs, la putréfaction de la sphère politique et de la démocratie bourgeoise s’approfondit, ce qui se manifeste notamment par la corruption et les mystifications à tous les niveaux, dans tous les partis.
D’une part, plus la crise du système capitaliste s’enfonce, plus la bourgeoisie a besoin, pour assurer sa suprématie et ses besoins de classe, de durcir ses armes politiques, de se passer des outils de la démocratie bourgeoise et d’établir une autre forme de domination que la démocratie bourgeoisie. Dans le cours de ce processus, les forces et idées fascistes bénéficient d’un appui grandissant, direct et indirect, de fractions de la bourgeoisie.
D’autre part, les amertumes, les déceptions et les ressentiments engendrés en période de crise au sein des masses constituent un terreau favorable pour la croissance des fascistes. À cet égard, il faut souligner que l’inconséquence des sociaux-démocrates et réformistes menant des stratégies d’accommodement au capitalisme creuse le lit du fascisme.
Il est en outre à ajouter que depuis quelques décennies, avec notamment la fin formelle de l’expérience soviétique et la restauration du plein empire du capital partout dans le monde, l’on assiste globalement, dans les pays impérialistes, d’un côté, à une offensive accélérée du capital et, d’un autre côté, à une retraite et un dispersement (temporaires !) aux niveaux organisationnel, idéologique et politique de la classe ouvrière et des forces révolutionnaires. Cette retraite et ce dispersement ont facilité la pénétration des forces et idées fascistes au sein des masses, des non-organisés, des « oubliés ». On notera qu’au contraire, lors de la montée du fascisme durant la première moitié du 20ème siècle, des mouvements ouvriers dangereux pour le capitalisme étaient à l’œuvre.
4. La lutte contre le fascisme doit être menée en unissant le plus largement possible les masses laborieuses autour de la classe ouvrière organisée politiquement. Ce combat doit revêtir un caractère révolutionnaire, s’inscrire dans la lutte de classe contre le capitalisme qui seule peut offrir des perspectives solides et justes aux masses.